lundi 25 juin 2007

Silhouette...

Je déambulais tranquillement dans les rayons quand j’ai vu une silhouette s’approchait. en quelques pas, elle est passée à côté de moi en m’effleurant légèrement. J’ai déjà vue à la TV ou sur des photos des femmes qui étaient toutes de noir vêtues, de la tête aux pieds ; des femmes dont on ne voyait rien, sinon cette silhouette. J’ai sur la question des idées bien arrêtées mais là n’est pas le sujet. C’est la 1ère fois que je la voyais en vrai, en chaire et en os. On aurait dit une séquence vidéo retouchée dont en aurait retiré l’image de cette femme pour ne laisser qu’un fond noir, un néant. Et pourtant j’ai bien sentit une âme passer. La scène n’a durer que quelques instants. Je suis revenu sur mes pas et regardait à droite et à gauche, mais elle s’était déjà fondue dans la foule. Je revois le film dans ma tête plusieurs fois, j’essaie de me rappeler : un souffle, un cœur qui bat. Elle marchait en tenant de sa main le bras d’un homme – son homme ? – qui semblait la guider dans le noir de ce monde. Car que pouvait-elle voir de ce monde qui l’entoure en regardant à travers ce voile. Si elle perdait la main de cet homme serait-elle comme un enfant qui aurait perdu ses parents au milieu d’un monde hostile ? Comment voit-elle les couleurs, comment distingue-t-elle le détail des contours à travers les fines mailles ? Je m’imagine à sa place : je ne ressens pas l’air sur ma peau, ni les rayons de soleil, je ne peux même pas sourire à un enfant que je croise. Peut être est-ce l’habitude. Peut-être regarde-t-elle à travers les verres de la foi ou de la soumission …

Je me demande si je pourrais vivre dans un pays où toutes les femmes seraient habillées ainsi. Un pays où on aurait retouché le film de la vie pour en supprimer l’image des femmes, en supprimer la douceur et la beauté, en supprimer la moitié de l’Humanité pour ne laisser que des ombres

2 commentaires:

Gaston a dit…

Dans le poème de Baudelaire "A une passante"... il est question aussi d'une femme, d'une silhouette qui s'évanouit dans la foule... mais elle est majestieuse, libre, fascinante, une femme immortalisée par un poème, une femme qui laisse une trace dans le coeur, elle se transforme en souvenir...
alors que l'autre, elle n'est que silhouette noire... il y a certainement de la chaire blanche derrière ce voile, un parfum étouffé, une âme résignée ou à l'affut... une princesse peut-être ou même une esclave... une deuxième ou peut-être la n'ième femme de cet homme qui la tient en laisse...

Kanvan a dit…

@gaston
Je viens de lire le poème de Baudelaire : c'est vrai que le souvenir laissé par la femme de son poème est plus beau, plus troublant et envoutant pour le cœur que triste et amère souvenir de "ma" silhouette